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10 ans après, Rosen marche encore pour l'abolition de la prostitution

Il y a 10 ans, le 4 septembre 2014, 2 ans avant la loi Olivier-Coutelle, Rosen Hicher, co-fondatrice du Mouvement des Survivantes en France avec Laurence Noëlle, Nathalie, Véronique, Myriam, Marie, s’élançait à pied de Saintes jusqu’à Paris. 743kms en 34 étapes pour attirer l’attention des politiques, des médias, de la société, sur les réalités de la violence prostitutionnelle, contre les stéréotypes et les approximations véhiculés. Contre l’idée qu’il faudrait seulement combattre le proxénétisme parce que la prostitution serait impossible à arrêter. Contre la manie de faire peser la responsabilité de la prostitution sur les femmes prostituées. Pour que les services sociaux soient plus réactifs pour venir en aide aux femmes en détresse parce qu’après le passage à l’acte, il est déjà trop tard. Contre l’impunité des « clients » prostitueurs parce que sans demande, plus de prostitution. Pour changer les regards et faire réfléchir sur la gravité de l’achat d’un acte sexuel et ses conséquences pour les femmes en situation de prostitution.  « La prostitution, ce n’est pas une idée qui arrive comme ça. Parce qu'en fait on est tellement cassée par la vie, brisée par les autres, dans une situation financière fragilisée. Moi je croyais y voir une forme de vengeance, de revanche, un moyen d’effacer mes dettes, ce qui était une mauvaise appréciation en réalité.  C’est bien mon propre passé qui m’a conduit là-dedans ».

 

Rosen lors de la Marche des survivantes en Allemagne

 

« Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port »

 

Partie seule ou presque de Saintes en Charente-Maritime, Rosen a entraîné dans son sillage des amiEs, des abolitionnistes convaincues, des comédiennes, des journalistes, des politiques, des survivantes, des victimes de violences sexuelles, de violences conjugales, des femmes dans la prostitution, des militantes, des personnes qui ne s’intéressaient pas du tout à ces questions,  des hommes aussi, jusqu’à son arrivée à Paris, le 12 octobre 2014, où l’attendait une foule dense et motivée. « Je marche avec Rosen » était devenu un slogan, des t-shirts, un blog, des articles de presse, des télés, des rencontres avec des éluEs. La voix des survivantes en faveur d’une loi de lutte contre le système prostitutionnel était enfin entendue.

 

Accompagnée au départ par Catherine Tissier qui a fait de cette marche un documentaire « Rosen en marche pour l’abolition », par Luc, ami fidèle pour le soutien et pour l’intendance qui suivait avec la camionnette, par Michel, un autre accompagnateur, (le frère jumeau adoré parti quelques mois avant la marche s’appelait Michel, le 1er « client » prostitueur aussi), elle marche. Premier message à faire passer auprès des médias pour Rosen : « Dès le premier, tu es dans un engrenage. C’est trop tard, tu es passée de l’autre côté du mur et c’est très difficile de le repasser en sens inverse ou de le faire s’effondrer. Il faut que les services sociaux réagissent tout de suite, en amont, pour éviter ces situations ». 2eme message : alerter sur le fait que la prostitution, dès 2014, n’était déjà plus seulement une prostitution de rue mais que les annonces dans les journaux gratuits, les bars à hôtesses, les appartements et maisons closes clandestines, il y en avait déjà partout en France et que tu pouvais très vite te retrouver, « tomber », en situation de prostitution… Saintes, La Rochelle, Niort, Poitiers, Châteauroux, Issoudun, Vierzon, Romorantin, Blois, Orléans, Etampes, Villejuif, Paris… Partout. Très rapidement.

 

La Cagnotte mise en place par Osez le Féminisme pour aider Rosen a permis de financer une partie de la marche. Eva Darlan à Blois, Blandine Métayer à Paris, les personnalités ont répondu présentes. Catherine Coutelle, Laurence Rossignol, Maud Olivier, Danielle Bousquet étaient de la partie aussi. Patric Jean, réalisateur du documentaire :  « La Domination Masculine » est également venu accompagner Rosen.

 

Rosen lors de la Marche des survivantes en AllemagneL’engouement a mis un peu de temps à venir. Et puis les articles de presse et les rendez-vous médiatiques se sont multipliés, le buzz a fait le reste.Pour Rosen, « les gens se demandaient au début qui était cette « zinzin » qui marchait pour dénoncer la violence prostitutionnelle des proxénètes, des « clients », de la société tout entière, le manque d’aide et de ressources… L’essentiel au fond est que cette marche et ces rendez-vous ont permis aux gens, aux éluEs de réfléchir…Réfléchir sur la gravité de cette violence, sur le fait qu’il n’est pas du tout naturel pour une femme d’en arriver là, qu’il y a des raisons et que ce sont ces raisons qu’il faut combattre ». Dans sa tête, dans son imaginaire, tout le monde connaissait le sujet de la prostitution. « Mais il faut voir les bêtises que j’ai entendues sur le trajet. Ça m’a permis aussi de comprendre l’importance d’expliquer aux gens, de dire ce que nous, les survivantes, nous avons subi, de parler des différences entre les discours qu’on tient quand on est dedans et quand on est plus dedans pour qu’ils comprennent, qu’ils puissent y réfléchir disons un peu plus sérieusement. Même si ça met plusieurs années, à un moment, le ‘tilt’ arrive. Parce que moi aussi, j’étais soi-disant « libre ». Mais quand tu rembobines, tu comprends le poids du passé, du vécu, des traumas, des violences familiales, sexuelles ».

 

>> Le blog de la Marche de Rosen en 2014

>> L’article paru dans Le Monde le 9 octobre 2014

 

Une survivante, des survivantes, des engagements

C’était en janvier 2013, quand le bureau national du Mouvement du Nid a mis en relation des survivantes de la prostitution entre elles que le mouvement des survivantes est né. C’est difficile pour une survivante de prendre la parole publiquement avec ce que cela implique pour elle, pour son entourage, pour la violence de l’opposition et des menaces que cela entraîne.

 

De nombreuses femmes sont venues échanger avec Rosen pendant la marche : « Je viens vous parler mais je veux rester dans l’anonymat… Je ne veux pas qu’on sache que je suis ou que j’ai été en situation de prostitution, que mon compagnon me batTu voyais bien qu’il y avait un lien très étroit entre toutes ces violences subies par des femmes ». 

 

Rosen a fait d’autres Marches ensuite pour l’abolition de la prostitution, de Strasbourg à Mayence, en Belgique, vers la Suisse. Elle a multiplié les interventions sur les plateaux télé, les prises de paroles dans les colloques en France, à l’international avec la Coalition pour l’Abolition de la Prostitution, en Inde, en Allemagne, en Espagne. Rosen a rencontré énormément de survivantes. De tous les pays et dans toutes les langues. Mais avec une certaine universalité des discours : Partout les mêmes constats d’une violence sans nom, la nécessité d’adopter un modèle qui protège, permet de quitter la prostitution, de lutter contre les vulnérabilités, de pénaliser les proxénètes et les réseaux, de lutter contre la demande, de sensibiliser les individus. Les marches pour l’abolition ont fait d’autres petits. Les survivantes venues du monde entier étaient plusieurs centaines à Montréal en juin dernier pour réclamer cette abolition. Le mouvement grandit. S’étoffe. Rosen témoignait très récemment dans les podcasts de « La Vie en Rouge » aux côtés d’autres survivantes pour redire encore et témoigner toujours.

 

« Je ne suis pas rentrée dans ce mouvement sans certitudes, je ne voulais pas accuser comme ça. Donc je suis allée me renseigner auprès de ma famille, de mon entourage proche, de mes amies sur ces réalités. Pour être sûre que ce n’était pas mon imaginaire seulement. Je pensais être une des seules. Mais là, je me suis rendu compte qu'en fait je n’étais pas du tout la seule, que je faisais partie d’une grande communauté de femmes qui avaient vécu et analysé plus ou moins les mêmes choses ».

 

La pénalisation des « clients »

Déjà en 2014, ce qui bloquait les gens, ce qui provoquait le plus d’incompréhension et de vociférations face au discours de Rosen,Intervention de Rosen à Mayence en 2019 c’était la pénalisation des « clients ». « Ils ne comprenaient pas ou ne voulaient pas comprendre que si des femmes étaient mises sur les trottoirs, c’est parce qu’il y avait de la demande et que cette demande assassinait les femmes. Toutes les femmes ». Après le passage de la loi, Rosen s’est engagée encore dans les stages de lutte contre l’achat d’actes sexuels avec plusieurs associations dont la Fondation Scelles. Après 8 ans d’expérience, son constat est sans appel : « J’ai eu l’impression de n’avoir que des anges en face de moi lors des premiers stages. Des bonnes âmes qui n’avaient rien fait de mal, des hommes qui avaient besoin d’un « traitement » et que pour eux le traitement, le médicament, c’était la femme. La prostituée... Une façon de passer un cap difficile... un décès, un divorce etc... Et puis je me suis fait la réflexion : ce ne sont pas les hommes que j'ai eus dans la prostitution. Mais en fait si, ce sont les mêmes. Ils mentent. Ils adoptent une attitude de « stage » alors qu’en fait, ils sont tous violents. Un seule main, qu'on ne désire pas, posée sur notre corps, c’est d’une violence inouïe. Ce sont des hommes qui sont dangereux pour la société. Soit, ils n’ont pas conscience et là, c’est une sanction et un suivi à long terme qu’il faudrait, soit ils en ont parfaitement conscience et c’est grave parce que la sanction est insuffisante ».

 

Et d’ajouter : « En 2012, quand j’avais parlé de déviance à l’Assemblée Nationale, tout le monde avait ouvert de grands yeux. Ils se sont dit : Mais ils ne sont pas déviants, ce sont juste des hommes. Non ! ce sont des déviants. Et je crois qu'on peut le confirmer aujourd'hui. Ils le sont tous. Ce sont des hommes à problème. Problèmes dans leur tête, problèmes dans leur pantalon. Et pour eux, c'est un moyen de se soigner. Or, ce n’est pas vrai, et ils le savent très bien.  ils n’arrivent pas à comprendre qu’on n’en veut pas de ces relations, qu’on les vit mal, qu'on les subit… Ils ne veulent pas comprendre je pense, et c’est assez logique, sinon ça les détruirait ou au moins ça réduirait à néant leur argumentaire et ils ont quand même une conscience ».

 

Pour Rosen, il manque des hommes ‘repentis’ qui témoigneraient, des journalistes qui écriraient sur ça pour dire cette réalité-là. Que les victimes soient mineures ou pas, qu’elles affichent le discours du choix ou pas, il faut combattre les « clients », ces prostitueurs. La demande est coupable. « On sait très bien qu'une gamine qui a 12, 13 ans, quand elle entend quelqu’un lui dire que c’est un choix qu’elle a fait, elle va se dire : Après tout, je peux le faire aussi. Et ça, ça n’est pas possible ». La honte pour les « clients » plutôt que pour les femmes en situation de prostitution.

 

10 ans après

 

Même si la prostitution est encore là, « je peux dire que nous n’avons pas perdu : les victoires ont été nombreuses depuis la marche : la loi de 2016 qui a changé les perspectives, la QPC[1] qui a été rejetée, le CEDH[2] qui a confirmé la validité de la loi française. Je sais bien qu’il faudrait que ça avance plus vite mais je suis sûre d’une chose : les gens réfléchissent sur ces questions, et ils réfléchissent un peu mieux, que notre discours est entendu. Évidemment, la prise de conscience est encore longue. On voit par exemple en stage la réaction des hommes quand on leur parle de viol : ils le vivent très mal ». Ce qui la rend heureuse, c’est de se dire que « tout ce que j’ai fait depuis 2009, je ne l'ai pas fait pour rien. J'ai soutenu les associations...Le discours des survivantes a été capital et il est arrivé certainement aux oreilles des juges de la CEDH ».

 

Ça va mieux

« Je suis toujours en contact avec des survivantes. Beaucoup de jeunes m’appellent. Les associations sont là aussi. Les deux dernières années ont été dures, les six derniers mois extrêmement compliqués. Je suis désolée des rendez-vous que je n’ai pas pu honorer. Mais ça commence à aller mieux. Il faut se réparer. J’avais besoin de beaucoup de repos. C’est long. Je dors un peu mieux. Le plus beau message est venu de ma fille, Shane : « Maman, je suis contente d’avoir retrouvé la femme que tu étais ». Et Rosen de conclure : « Tu vois, nous sommes cassées mais nous luttons quand même. Une vraie force commune. Continuons ».

 



[1] https://www.conseil-constitutionnel.fr/decision/2019/2018761QPC.htm : Il résulte de tout ce qui précède que le premier alinéa de l'article 225-12-1 et l'article 611-1 du code pénal, qui ne méconnaissent ni le droit au respect de la vie privée, ni aucun autre droit ou liberté que la Constitution garantit, doivent être déclarés conformes à la Constitution.

[2] https://x.com/ECHR_CEDH/status/1816396835398811976/photo/1 : « Arrêt M.A. et autres c. France - L’incrimination de l’achat de l’achat d’actes sexuels n’emporte pas violation de la Convention »

 

 

 

1er plan de répression de la traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle

plan 2024-2026Ce plan répressif à pour mission première de donner une réponse coordonnée et ambitieuse pour les forces de sécurité intérieures face au fléau grandissant qu'est la TEH à des fins d'exploitation sexuelle et le proxénétisme.

 

Objectif n°6
Faire diminuer la demande d'actes sexuels tarifés
Sans clients, pas de prostitution, pas de proxénétisme, pas de traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle. Sensibiliser sur la responsabilité pénale du client et intensifier sa verbalisation sont deux axes à promouvoir.

 

Mesure N°15 à l'échelle nationale
Améliorer la politique de contrôle et de verbalisation des clients et en promouvoir une application effective et homogène sur l'ensemble du territoire.

 

 

>>> Lire l'intégralité du Plan de Répression

 

 

CAMPAGNE D’INFORMATION SUR LA PROSTITUTION, L’EXPLOITATION ET LA TRAITE DES ÊTRES HUMAINS DANS LE CONTEXTE DES JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES

Le Ministère chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations a lancé, à l'approche des JO 2024, une campagne d'information et de sensibilisation à la lutte contre le système prostitutionnel.

Aujourd'hui en France :
40 000 personnes sont toujours en situation de prostitution
11 000 mineurs sont victimes d'exploitation sexuelle


Dans le cadre du plan national de lutte contre l'exploitation et la traite des êtres humains 2024-27 et de la stratégie de lutte contre le système prostitutionnel et l'exploitation sexuelle, l'Etat s'est engagé à déployer une campagne de sensibilisation à destination des publics français et internationaux à l'occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Face au risque d'augmentation du volume d'achats d'actes sexuels et des situations de traite des êtres humains en marge des Jeux Paris 2024, l'Etat déploie une campagne de sensibilisation composée de deux kits de communication visant à informer les publics, notamment les visiteurs étrangers :

  • De l'interdiction en France de l'achat d'actes sexuels, selon la législation en vigueur depuis la loi de 2016 sur la pénalisation du client qui achèterait des services sexuels, et la loi du 4 mars 2002 relative à l'autorité parentale pour les mineurs ;
  • Des différents types d'exploitation et de traite des êtres humains : exploitation sexuelle, par le travail, par la contrainte à commettre des délits ou la mendicité forcée.

 

Deux kits, l'un sur la Lutte contre le système prostitutionnel et l'autre sur la Lutte contre l'exploitation et la traite des êtres humains sont disponibles en français et en anglais et accessibles au téléchargement et libres de droits.

 

https://arretonslesviolences.gouv.fr/focus/campagne-dinformation-sur-la-prostitution-lexploitation-et-la-traite-des-etres-humains-dans-0

 

#SEXPLOITED sur le site de la ville de Paris

#sexploited sur le site de la ville de PAris 

 

En 2020, la La Ville de Paris et la préfecture de Paris et d'Île-de-France soutiennent financièrement l'application #Sexploited.

Sa mission ?
Faciliter la protection, l'accompagnement et la reconstruction des personnes en situation de prostitution.

 

La Fondation Scelles a créé une application anonyme et gratuite d'aide aux personnes prostituées : #Sexploited.


En dix langues (français, anglais, espagnol, portugais, bulgare, roumain, russe, chinois, arabe et ukrainien), et accessible sur téléphone, tablette ou ordinateur, l'application :

  • facilite, grâce à la géolocalisation, la mise en relation des personnes en situation de prostitution, françaises ou étrangères, majeures ou mineures, vers des structures spécialisées à proximité pouvant leur fournir une aide ou un accompagnement global (aide à l'hébergement, prévention santé, soutien psychologique, écoute, aide juridique, dispositifs de réinsertion) ;

 

  • fournit 8 numéros d'urgence et plus de 600 adresses de service d'urgence médicale (hôpitaux, cliniques) ;

 

  • propose des informations sur les droits dont bénéficient les personnes en situation de prostitution.

 

Appel de Montréal pour l’abolition de la prostitution 60 Organisations abolitionnistes signataires

l'appel de MontréalPrésente lors du 4ème congrès mondial pour mettre fin à l’exploitation sexuelle des femmes et des filles, du 1er au 3 juin à Montréal, la Fondation a signé l’appel quia clôturé cet événement : l’appel de Montréal pour l’abolition de la prostitution.

 

Appel de Montréal pour l’Abolition de la prostitution

 

Nous, survivantes du système prostitutionnel, travailleuses de terrain, militantes féministes, universitaires, représentantes syndicales, avocates, organisations de la société civile et citoyennes de plus de 35 pays réunies à Montréal, appelons à l’abolition du système prostitutionnel au Canada et dans le monde entier.

 

En tant que survivantes, nous demandons aux États et aux institutions internationales de nous écouter. Nous exigeons que nos voix soient entendues lorsque nous demandons la reconnaissance de la prostitution comme une forme de violence contre les femmes, des alternatives concrètes à la prostitution et la fin de l’impunité pour nos exploiteurs : proxénètes et “clients” prostitueurs.

 

En tant que femmes autochtones, femmes de couleur et femmes migrantes, nous demandons aux États et aux institutions internationales de nous écouter. Malgré les efforts incessants pour nous diviser et l’impact du colonialisme sexiste, du racisme et de la pauvreté qui imprègnent nos vies et nos communautés, nous refusons d’abandonner nos sœurs et nos générations futures à la violence sexiste et coloniale qu’est la prostitution. Nous demandons aux États et aux institutions internationales de reconnaître l’importance et la valeur de nos terres, de notre culture et de nos corps et de s’engager à abolir la prostitution et toutes les formes de violence à l’encontre des femmes et des enfants.

 

En tant qu’organisations et militantes féministes, nous appelons les Etats et les institutions internationales à nous écouter, en mettant en œuvre une approche féministe pour lutter contre le système prostitutionnel, dont l’existence est profondément incompatible avec une société d’égalité entre les hommes et les femmes. Un Etat ou une institution qui se définit comme féministe ne pourra jamais développer des politiques visant à organiser la prostitution : tous les efforts doivent être dirigés vers son abolition.

 

En tant que travailleuses de terrain, qui sont témoins et répondent aux niveaux extrêmes de violence mentale et physique auxquels sont confrontées les femmes en situation de prostitution, nous appelons les Etats et les institutions internationales à nous écouter. Nous avons besoin de politiques publiques qui ne se limitent pas à la réduction des risques, mais qui offrent des parcours de sortie complets conçus par les femmes en situation de prostitution et les survivantes, tout en responsabilisant les auteurs.

 

En tant que représentantes syndicales et militantes en faveur de la justice sociale pour les femmes en situation de vulnérabilité, dont certaines ont connu la précarité, nous savons mieux que quiconque que la prostitution est enracinée dans la discrimination socio-économique, c’est pourquoi nous demandons aux gouvernements et aux institutions internationales de nous écouter. Nous refusons de vivre dans un monde néolibéral qui normalise la marchandisation des femmes, crée des conditions favorables au recrutement et à l’exploitation sexuelle des femmes par des criminels et les maintient dans la précarité. La prostitution n’est ni du sexe ni du travail, mais la pire alliance entre le patriarcat et l’ultra-capitalisme. Nous ne voulons pas de la prostitution, nous voulons l’égalité et la justice sociale.

 

En tant qu’avocates et expertes juridiques qui défendent le droit et les principes internationaux en matière de droits humains, nous demandons aux États membres et aux institutions internationales de nous écouter. Nous demandons à tous les États membres de ratifier et de mettre pleinement en œuvre la Convention des Nations unies pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui, la Convention CEDAW et le Protocole de Palerme, et de respecter leur obligation de décourager la demande en pénalisant l’achat d’actes sexuels. Nous appelons les États membres et les institutions internationales à suivre toutes les recommandations formulées par la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la violence à l’égard des femmes et des filles dans son rapport sur la prostitution au Conseil des droits humains.

 

Toutes ensemble, nous appelons à la mise en œuvre de tous les piliers du Modèle Abolitioniste, au Canada et dans le monde entier : la décriminalisation de toutes les femmes en situation de prostitution, la mise en place de parcours de sortie complets, la criminalisation de l’achat d’actes sexuels et de toutes les formes de proxénétisme, ainsi que la mise en œuvre de stratégies de sensibilisation.

 

Il est temps d’instaurer une société d’égalité et de justice sociale. Il est temps d’avoir une société sans prostitution.

 

Il est temps de mettre l’égalité en action !

 

Signataires de l’appel de Montréal :

1000 Möjligheter, Accion Contra la Trata, Apne App Women Worldwide, Associazione Aura, Associazione IROKO onlus, Breaking Free, Bridge2Future, CALACS Châteauguay, CALACS coup de coeur, CALACS L’Ancrage, CAP International, CIMTM Comisión para la Investigación de Malos Tratos a Mujeres, CLES, CATW Coalition Against Trafficking In Women, Comisión Unidos Vs Trata, Courage For Freedom, Dar Hosea, Democracy Development Center, ENoMW European Network of Migrant Women, EVA Center, Exit Prostitution Association, Federal Association Nordic Model – for the Implementation of the Equality Model in Germany, Femkhoda, Femua, Fondation Scelles, Frontline Women’s Fund, Fundación Empodérame, Industrial Gender Committe for Advertising, INGI Crisis Center for Women, Iniciativa Ciudadana Tibabita, isala asbl, Kafa (enough) Violence et Exploitation, KSPSC (Klaipeda Social and Psychological Support Center), Maison d’hébergement le Rivage de La Baie et du Bas-Saguenay, Maiti Nepal, Marta Centre, Mouvement du Nid, National Union of Journalists of Ukraine, O Ninho, People serving Girls at Risk, Persons Against Non-State Torture, Pislyazavtra, Reden/KFUKs Sociale Arbejde, Resistanta, Ruhama, Sawa, SISTERS – für den Ausstieg aus der Prostitution! e.V., Solwodi, South Kolkata Hamari Muskan, Stígamót, Strength in SISterhood Society (SIS), Swedish Women’s Lobby, Talita, Talita Asia, Vancouver Rape Relief and Women’s Shelter, VCASE, VT Media et Trade, Wahine Toa Rising, Wake Up Brother, WDI Quebec, WikiProject Feminism Ukraine, Women @ The Well, ГО Кихвська Школа Рівних Можливостей, Резистанта, Фем ЮА (спільнота)

 

 

La Fondation Scelles dans la presse

  • (ES - Milenio) El ser humano no está a la venta
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